Actualité
13 août 2024
Les médailles valent de l’or… mais le fisc passe à la caisse

Les Jeux olympiques approchent, les médailles se préparent à briller — et avec elles, les primes. Oui, les médaillés français seront récompensés : 80 000 € pour une médaille d’or, 40 000 € pour l’argent, 20 000 € pour le bronze. Sauf que ce joli pactole ne vient pas sans contrepartie : il est imposable.
Et forcément, ça fait jaser.
Une récompense... fiscalisée
C’est David Douillet, ancien champion de judo (et ex-ministre des Sports), qui a ouvert le bal. Pour lui, imposer ces primes, c’est « une honte ». Il rappelle à juste titre qu’un athlète met souvent 10 à 15 ans de travail acharné pour décrocher une médaille. Alors oui, 80 000 €, ça semble beaucoup, mais réparti sur 15 ans, c’est à peine 5 000 € par an. Vu comme ça, l’argument tient la route.
Mais la ministre des Sports, Amélie Oudéa-Castéra, n’a pas tardé à réagir : cette fiscalité n’est pas nouvelle, elle date des Jeux de Londres... époque où Douillet était lui-même ministre. L’ironie est belle. Elle ajoute aussi que les primes ont été revues à la hausse (65k/45k/15k à Tokyo) — un geste fort, certes, mais qui ne règle pas la question de fond : faut-il taxer ce genre de récompense ?
L’argent des médailles, une source d’inégalité ?
Ce débat soulève un point intéressant : dans les sports dits « mineurs » (comprenez : médiatiquement invisibles et peu sponsorisés), cette prime représente parfois la quasi-totalité des revenus d’un athlète sur l’année. Alors que dans d’autres disciplines, elle passe pour de l’argent de poche. La fiscalité uniforme sur des situations aussi disparates peut légitimement poser question.
Et c’est là que le sujet touche un peu à l’économie et à l’entrepreneuriat : la logique de performance, la gestion des revenus irréguliers, la valorisation du temps investi… ça ressemble à la vie d’un freelance ou d’un créateur de startup, non ?
Une exception à créer ?
Une proposition de loi a été annoncée pour défiscaliser ces primes. Symboliquement, ce serait fort. Mais est-ce juste ? D’un point de vue purement fiscal, on reste dans le cadre d’une rémunération exceptionnelle liée à une performance. On ne taxe pas l’effort, mais le résultat.
Mais au fond, c’est peut-être là que le bât blesse : dans le monde du sport comme dans l’univers entrepreneurial, on valorise le "moment de gloire" — la levée de fonds, la médaille, le buzz — sans toujours mesurer les années d’investissement derrière.
Et si on changeait de prisme ?
La question n’est pas tant de savoir s’il faut ou non imposer ces primes, mais plutôt de repenser la manière dont on soutient les parcours de longue haleine. Dans le sport comme dans l’entrepreneuriat, l’effort invisible est immense. Peut-être qu’il est temps de créer des modèles hybrides de soutien (incitations fiscales, statuts particuliers, accompagnement à long terme) qui reconnaissent ces trajectoires atypiques.
Ils veulent qu’on valorise l’excellence française ? Alors il faut aussi apprendre à la traiter comme un investissement… pas comme un jackpot.