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27 août 2025
Scope Creep ou comment éviter la dérive et garder le cap sur ton projet

Dans un monde idéal, un projet digital part d’un besoin clair, suit un périmètre bien cadré, avance au bon rythme, et tout le monde est content. Sauf qu’en vrai, ce scénario arrive… à peu près jamais. Et souvent, c’est à cause d’un truc qu’on sous-estime, que je connaissais, mais dont j'ai découvert le nom récemment : le scope creep.
J’ai vu des projets partir en vrille pour cette seule raison : le périmètre explose, les équipes s’épuisent, le client râle, et on finit par jeter l’éponge. Alors je me suis dit qu’un petit retour aux fondamentaux ne ferait pas de mal.
Le scope creep, c’est quoi exactement ?
C’est quand ton projet s’éloigne discrètement mais sûrement de son périmètre initial. Une fonctionnalité en plus ici, une modification là, une demande client acceptée sans recul… et on se retrouve à bosser sur un produit qui n’a plus grand-chose à voir avec le brief valider en Kick-Off.
Et ce n’est pas toujours malveillant. Parfois, c’est juste un manque de communication, un client trop impliqué (ou pas assez), une équipe qui veut trop bien faire. Le résultat est le même : dérive, frustration, retards, surcoûts.
Pourquoi c’est un vrai danger ?
Le scope creep flingue 5 piliers d’un projet bien mené :
Le périmètre : flou, mouvant, ingérable.
Le planning : décalé, compressé, irréaliste.
Le budget : explosé.
Les ressources : épuisées ou mal orientées.
La qualité : en chute libre, parce qu’on veut livrer trop, trop vite.
Un projet que j’ai piloté il y a quelques mois illustre parfaitement le phénomène : jalons non tenus, budget dépassé, client insatisfait… et un périmètre qui avait muté au fil des réunions. Personne ne savait plus ce qu’on devait livrer.
Comment le limiter ?
1. Cadrer dès le départ
Ça commence dès le kick-off : charte de projet, gestion planning, matrice des risques… Ces outils ne sont pas là pour faire joli. Ils sont là pour poser un cadre clair, partageable, et solide.
2. (In)Former les équipes à la gestion de projet
Même dans des contextes très agiles, il faut rappeler que tout ajout a un coût. Et qu’un changement non validé, c’est potentiellement une erreur stratégique. Et faire comprendre globalement les enjeux d'un projet et l'importance qu'il soit suivi.
3. Mettre en place une vraie gouvernance
Comité de projet réguliers, comités de pilotage mensuels ou par jalons, points internes fréquents : on évite l’effet tunnel en gardant tout le monde à bord.
4. Gérer les demandes de changement avec rigueur
Tu veux changer quelque chose ? Ok. Mais on passe par une séquence de Management par exception, on évalue les impacts, on arbitre. Sinon, c’est la porte ouverte à tous les dérapages.
Et en agile, c’est différent ?
L’agilité, quand elle est bien appliquée, est justement un bon antidote au scope creep. Les sprints courts, la priorisation du backlog, la validation régulière avec le client… tout ça limite les surprises.
Toutefois : une mauvaise gestion du backlog, des objectifs flous, ou des tâches mal priorisées, et tu peux te retrouver avec les mêmes dérives qu’en cycle en V.
En cas de dérapage… on redresse
Si tu vois que ton projet a pris l’eau, pas de panique. On stoppe, on analyse, on reclarifie les objectifs/enjeux et on remet tout à plat. Parfois, il faut même faire des choix durs (quitter une fonctionnalité, replanifier, tout arrêter…). Mais mieux vaut ça que foncer dans le mur et perdre énormément de temps et d'argent.
Je ferai d'ailleurs peut-être un article sur ce biais bien connu, que l'on nomme "Sunk Cost Fallacy".
En conclusion
Le scope creep, ce n’est pas un bug. C’est un symptôme. Celui d’un manque de rigueur, de communication ou d’anticipation. Mais c’est aussi une opportunité : celle de revoir ta manière de gérer, de structurer et de piloter.
Et si tu veux éviter que ça t’arrive, souviens-toi que tout commence par un périmètre clair… et le courage de dire "non" aux demandes non cadrées.